Actualité / 28 Mai 2021

La Migration Positive et Créative d'Obi !

Du lundi 31 mai au vendredi 4 juin, une classe de 4ème du Collège Victor Hugo de Bourges accueillera l’artiste nigérian Obi et le musicien Cédric de la Chapelle dans le cadre du dispositif Printemps des Collégiens. Musique, chant, danse, arts-plastiques… autant de disciplines qui animeront les élèves et leurs encadrants pendant quatre jours sur le thème de la Migration ! En partenariat avec le Conseil Départemental du Cher, ce dispositif vise à favoriser les différentes pratiques artistiques des collégiens du département. L’occasion pour nous d’échanger avec Obi sur son parcours et son projet.

 

Peux-tu nous parler un peu de ton parcours ?

Je suis né à Abakaliki, dans la région du Biafra, au Nigeria. Je suis igbo, et les conditions de vie des igbos sont très difficiles, il y a dans le Biafra beaucoup de violences contre nous et nous sommes pauvres. A 23 ans, j’ai décidé de tenter ma chance ailleurs, et j’ai quitté le Nigeria, pour le Maroc d’abord, puis j’ai prolongé ma route jusqu’en Europe. Le voyage a été long, dix ans, je n’ai trouvé ma place nulle part car je n’avais pas de papiers. La musique a toujours été présente dans ma tête, elle m’a encouragé. En juillet 2019 je me suis installé dans un squat à Lyon pour écrire mes propres chansons. Très vite, j’ai rencontré le musicien Cédric de la Chapelle, qui a fait écouté mes chansons au producteur Olivier Boccon-Gibod. Grâce à la musique une nouvelle vie commence. Thanks God.

 

Depuis le début de l’année, tu sillonnes les routes de France dans le cadre d’un projet de résidence itinérante, baptisée « La Migration Positive« . Peux-tu nous en dire plus à ce sujet ? 

La Migration Positive est une résidence itinérante, qui me permet de préparer ma tournée, mais aussi d’organiser des temps de rencontres, de prises de paroles, de témoignages. À chaque étape, en plus du travail de création artistique, j’ai tenu à inviter des associations qui aident les migrants et demandeurs d’asile. On a fait des tables rondes, des rencontres plus informelles, des prises de parole devant les médias. Dans mon parcours de migrant, beaucoup d’associations m’ont tendu la main, et je veux leur tendre le micro en retour aujourd’hui, elles doivent se faire entendre. On a organisé ces temps de paroles avec l’aide d’SOS Méditerranée, qui sont formidables. Dans certaines villes, je viens aussi dans le cadre d’actions culturelles, pour rencontrer des collégiens et créer de la musique avec eux par exemple.

Je remercie encore les salles et festivals qui m’ont suivi dans cette Migration Positive : Le Sucre et les Nuits Sonores (Lyon), Château Rouge (Annemasse), la Sirène (La Rochelle), Le Rocher de Palmer (Bordeaux), le Printemps de Bourges, la Friche de la Belle de Mai (Marseille) et Ground Control (Paris).

 

Comment envisages-tu cette semaine d’intervention auprès des collégiens ? Comment comptes-tu aborder avec eux la thématique des « migrations » ?

Je suis un grand débutant. Je n’ai jamais fait ce genre de rencontre créative. Le seul collège que j’ai fréquenté, c’était un squat dans un bâtiment abandonné depuis dix ans. Je suis heureux de rencontrer ces jeunes et de pouvoir créer avec eux, quelle chance. Je fais confiance à l’instant, je sais que nous saurons composer et écrire ensemble. Je serai accompagné par le musicien Cédric de la Chapelle, il a toujours plein de bonnes idées, ça va être super. En ce qui concerne le thème de la migration, comment surtout ne pas l’aborder ? Tout ce que je découvre aujourd’hui en tant qu’artiste, toutes ces rencontres, toutes ces nouveautés prolongent ma migration géographique. Cette semaine avec des collégiens fait partie de ma migration, qui se fait sur le plan humain et artistique désormais. Même sur place, nous voyagerons, les élèves et moi, c’est certain.

 

Tu seras en première partie d’Ayo le jeudi 24 juin à l’Abbaye de Noirlac dans le cadre du Printemps de Bourges. Quels sont tes prochains projets ? Comment envisages-tu ta rencontre avec la scène et le public ?

Beaucoup de mes chansons sont comme des prières. J’envoyais ça au ciel mais aussi à moi-même pour m’encourager dans des moments difficiles, le quotidien n’a pas été simple ces dernières années, les squats, la rue, la prison, les camps… Je trouve ça incroyable : la première fois que je vais chanter ces mots en public, ce sera dans une Abbaye, entre des murs qui ont envoyé au ciel déjà tant de prières depuis des siècles. C’est bon signe ça non ? Je suis surtout ému de jouer enfin devant du public. Avoir la chance de partager mes chansons avec des gens, je n’en reviens pas. Et puis nous venons de finaliser le mastering de mon premier album, qui sortira cet automne. Incroyable ça aussi. J’espère que ces chansons donneront du courage et apporteront, même humblement, un peu de lumière. 

 

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